Critique et analyse cinématographique

FILM FEST GENT 2016 – « Personal Shopper » d’Olivier Assayas

Après Sils Maria, Olivier Assayas semble avoir trouvé une muse en la personne de Kirsten Stewart et la retrouve pour un film moins immédiatement aimable, plus difficile d’accès.

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Il y a en effet deux – voire trois – histoires en une, concentrées autour d’un même personnage, dans ce Personnal Shopper, dont le titre ne fait référence qu’à une des dimensions du films. Maureen (Stewart) est donc « personal shopper », elle choisit des vêtements et des bijoux pour une vedette internationale, avec qui elle partagerait exactement les mêmes goûts. Dans un premier temps, la moitié des scènes du film la suivent dans cet exercice et décrivent son quotidien ennuyeux de va-chercher. La deuxième couche du film, amorcée dès la scène d’ouverture, s’aventure dans le genre fantastique, puisque Maureen est également médium et ressent la présence des esprits. Petit à petit, le film révèle que Maureen est hantée par la mort récente de son frère jumeau, avec lequel elle essaie d’entrer en contact. Ces deux lignes parallèles vont ensuite s’effacer pour laisser place à une troisième, plutôt dans le registre du thriller paranoïaque, avant que les trois pistes et les trois genres ne se rejoignent.

Assayas semble s’amuser à mêler ces trois films en un, en confrontant un même personnage à trois genres distincts : le film déambulatoire, le fantastique et le thriller. Il retourne ainsi vers l’esprit de films antérieurs, comme Irma Vep ou Demonlover, dans une veine plus joueuse que celle des récents Après mai et Sils Maria. Dans la seconde partie, il invente pratiquement un nouveau genre, le « SMS-film », dans lequel Kristen Stewart dialogue avec un interlocuteur mystère par messages et écran interposés, presque sans qu’aucun dialogue ne soit prononcé. Le film parvient à créer de la tension et du suspense par l’apparition des messages sur l’écran d’un smartphone, de manière quasiment hitchcockienne. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le début de cette conversation textuelle a lieu à bord d’un train.

L’apparition, qu’il s’agisse de celle des messages, de celle des esprits, ou de celle de l’actrice elle-même – qu’Assayas semble aborder comme une matière brute à filmer, un pur objet de cinéma – est au centre d’un film qui joue avec celle-ci et ses différentes occurrences, comme il joue avec les genres et les ambiances, sans jamais sacrifier à la culture du cliché. Il ne s’agit pas ici de recréer des « jump scares » ou de créer l’attente autour d’un mystère à dévoiler, mais simplement de voir où le cinéma peut aller et ce qu’il peut évoquer sans pour autant faire appel des modèles et des références précises.

Thibaut Grégoire

 

Le Festival de Gand se déroule du 11 au 21 octobre 2016

Plus d’infos sur le site du festival

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