Critique et analyse cinématographique

BIFFF 2017 – « Vanishing Time : A Boy Who Returned » de Um Tae-hwa

Deuxième long métrage pour Um Tae-hwa – qui fut notamment assistant de Park Chan-wook sur Lady VengeanceVanishing Time peut être vu comme un hommage voilé à certains films Amblin, de par les thèmes abordés et la narration, mais c’est plutôt du côté du manga ou de l’anime qu’il faut peut-être aller chercher des similitudes et des influences.

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Quatre enfants (trois garçons et une fille) partent dans la montagne à la recherche d’un œuf magique aux propriétés apparemment surnaturelles. S’étant quelques minutes éloignée du groupe, la petite fille (Su-rin) s’aperçoit que ses trois camarades ont disparu comme par enchantement, ne laissant derrière eux que le fameux œuf, cassé. Alors qu’elle revient au village et que les trois garçons sont portés disparus, les rumeurs les plus folles circulent à son encontre et les parents des autres la soupçonnent d’en savoir plus qu’elle n’en dit. Alors qu’elle retourne dans les bois montagneux, elle tombe sur un jeune adulte mystérieux qui lui dit être l’un de ses trois camarades (Sung-min). D’abord sous le choc, elle finit par croire que cet homme est bien son ami, mystérieusement vieilli d’une dizaine d’années.

Le film fait en réalité s’affronter deux lignes narratives et deux genres, en mettant vite en alternance l’histoire de Su-rin qui retrouve son ami Sung-min, mystérieusement changé, et celle de Sung-min lui-même, lors de longs flashbacks sur l’errance des trois garçons après leur disparition, enfermés dans une bulle temporelle figée. C’est donc une sorte de thriller villageois, avec disparition d’enfants, enquête policière, etc. qui est mise en parallèle avec un film fantastique de paradoxe temporel, le tout vu par des points de vue d’enfants.

Dans la partie « flashbacks », les enfants passent notamment leur temps – même s’il est bloqué, il faut bien le passer – à lire des mangas. Et c’est probablement dans cette piste qu’il faut fouiller pour appréhender le film tel qu’il doit l’être, tant on y retrouve cette manière propre au manga d’aborder des thématiques adultes et/ou de genre (ici fantastique, voire science-fiction) par le biais d’un point de vue de l’enfance.

La manière dont est abordée la relation entre Su-rin et Sung-min, cet histoire d’amitié ou d’amour impossible contrainte par les atermoiements du temps, renvoie à une notion de romantisme fantastique que l’on peut notamment retrouver dans l’animation japonaise, par exemple dans Your Name de Makoto Shinkai. Les deux films sont assez proches sur le plan thématique mais, si Your Name est plus abouti dans son fond et dans sa forme, Vanishing Time soulève peut-être plus de questions délicates quant au décalage entre ses deux protagonistes (de distance dans Your Name, d’âge dans Vanishing Time) qui visuellement, apporte une dimension véritablement ambigüe, dans cette idylle à peine voilée entre une jeune fille et un homme de plus en plus âgé.

Thibaut Grégoire

 

Le BIFFF se tient du 4 au 16 avril au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

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