Critique et analyse cinématographique

BIFFF 2015 – « El Ardor » de Pablo Fendrik

Présenté en séance spéciale lors du dernier Festival de Cannes, El Ardor fait une proposition de western métaphysique, mâtiné de « survival », dans la forêt tropicale argentine.

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Comme déclencheur de son intrigue, Pablo Fendrik choisit d’exploiter une réalité : celle de paysans argentins qui sont délogés de leurs terres par des mercenaires travaillant pour de grandes entreprises. Il greffe à cela un personnage de justicier mystérieux, promeneur solitaire ou envoyé divin, qui après avoir été témoin du massacre d’un propriétaire terrien et de l’enlèvement de la fille de celui-ci, se met à suivre les assassins pour pouvoir rendre justice lui-même.

El Ardor est très contemplatif et s’applique à faire trancher la dureté de son sujet avec la lumière et les couleurs éblouissantes de la forêt amazonienne. La lenteur quasi-constante de ce film atmosphérique, ainsi que sa mise en scène finalement assez classique, peut déstabiliser et décevoir. Mais il demeure néanmoins une certaine fascination hypnotique devant l’ensemble, et certaines scènes en particulier – par exemple, ces apparitions presque oniriques d’un tigre bienveillant….

Si les références et les influences affluent tout le long du film – on pense à Monte Hellman, mais aussi à Délivrance de Boorman –, elles deviennent (trop) évidentes lors de la dernière demi-heure, basculant complètement dans le western de règlements de comptes, jusqu’au pastiche dans un duel final à la limite du caricatural. Ce n’est pas la seule réserve que l’on peut avoir sur El Ardor – loin de là – qui pâtit également de la prestation crispée d’un Gael García Bernal pas très crédible en vengeur solitaire. Mais un certain charme indicible se dégage malgré tout du film et pousse à le défendre.

Thibaut Grégoire

 

Le BIFFF se déroule du 7 au 19 avril, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles

Plus d’infos sur le site du BIFFF

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