FILM FEST GENT 2014 – « Adieu au langage » de Jean-Luc Godard

Ce n’est pas la première fois que Jean-Luc Godard expérimente sur la 3D. Il avait déjà réalisé l’un des trois fragments de 3x3D – avec Peter Greenaway et Edgar Pêra. Mais cette tentative sur la longueur – récompensée d’un Prix du Jury à Cannes – montre à quel point il est capable d’investir tous les recoins et facettes du cinéma pour les réinventer.

Il est difficile d’écrire sur un film de Godard – dernière période – sans virer soit à la description sans intérêt d’effets et de collages qui se valent pour eux-mêmes, soit à la surinterprétation douteuse. Cet Adieu au langage ne fait pas exception à la règle et représente d’ailleurs la quintessence de ce cinéma de l’expérience qui ne peut être abordé que de front, en personne. Dans ce maelström d’images, de sons et de mots, les saillies visuelles côtoient les essais de montage et la provocation primaire – on peut qualifier certaine scènes de scatologiques. Mais ce qui rend le film vraiment unique, inoubliable et rare, c’est indubitablement la 3D. On sait qu’il va prochainement être édité en DVD, mais on voit mal comment seront restituées toutes les subtilités de cette 3D inédite dans un rendu 2D. En effet, Godard interroge vraiment le regard du spectateur et le met au travail devant son film, que ce soit en filmant flou, de très près, où – idée géniale dont on se demande comment elle n’a pas encore été utilisée – en surimpressionnant deux plans dans la même image, invitant dès lors le spectateur à faire son propre montage en clignant des yeux. C’est dans ces idées implacables, ces fulgurances et ces images de cinéma qu’Adieu au langage s’impose comme l’un des plus beaux cadeaux de cinéphile de l’année, à qui saura le recevoir comme il le mérite.

Thibaut Grégoire

 

Le Film Fest Gent se déroule du 14 au 25 octobre

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