Critique et analyse cinématographique

« Le Tout Nouveau Testament » de Jaco Van Dormael : Les blagues les plus courtes…

S’il arborait peut-être une certaine originalité au début des années 90, le cinéma de Jaco Van Dormael est aujourd’hui devenu la caricature de ce qu’il menaçait déjà d’être à ses débuts : un cinéma de publicitaire recyclant des gimmicks et des « trouvailles » usées jusqu’à la moelle.

Le tout nouveau testament

Le « pitch » autoproclamé merveilleusement original est digne d’un sketch des Robin des Bois : Dieu existe, il habite Bruxelles et il passe le plus clair de son temps à traîner chez lui en peignoir en martyrisant sa femme et sa fille. Cette dernière, pour se venger, décide de révéler les dates de décès de tout le monde et part à la recherche de six nouveaux apôtres.

La recherche des apôtres permet au film de se subdiviser en sous-chapitres et d’étirer sur la longueur ce qui ne devrait pas dépasser la petite demi-heure, durée réglementaire de ce genre de court-métrage humoristique reposant sur une seule idée. Malheureusement, tout fier qu’ils sont de leur concept qu’ils jugent probablement révolutionnaire, Van Dormael et son scénariste Thomas Gunzig étirent leur pénible farce sur deux longues heures, durant lesquelles Benoît Poelvoorde aura eu l’occasion d’être plus mauvais que jamais dans le rôle monolithique du méchant Dieu, Catherine Deneuve celle de se ridiculiser en femme délaissée se consolant dans les bras d’un gorille (sic) et le spectateur celle d’être pris pour un idiot par autant de niaiserie prétendument subversive.

Enrobé dans une esthétique clinquante d’une rare laideur, Le Tout Nouveau Testament a tout du film populiste, avec son discours simplificateur, sa voix-off enfantine – ça marchait dans Toto le héros, ici c’est horripilant – et son final résumant le bonheur de l’humanité à un fond d’écran fleuri. C’est beau comme les dorures roses bonbon d’un rouleau de papier-toilette. Et dire que l’on pense qu’il est difficile de faire du cinéma, alors qu’il suffit d’enfiler les banalités « New Age » et de brosser le public dans le sens du poil en prônant la paix dans le monde !

Thibaut Grégoire

8 Réponses

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  2. Jérome Cabillaud

    En plus de coécrire le talk-show désopilant des Magritte, Gunzig peut déjà préparer son discours de remerciement.

    août 5, 2015 à 12:51

  3. Pingback: Sorties Cinéma – 02/09/2015 | CAMERA OBSCURA

  4. mwoui, c’est bien tout le problème d’avoir vendu ce film comme un film comique qu’il n’est pas vraiment (même si on peut faire du comique et de l’émouvant, comme dans « une famille à louer »)

    ici, le comique n’est pas le premier propos, il sert seulement à alléger un film sinon très dur quand on y fait bien attention

    Le Tout Nouveau Testament, film de Jaco Van Dormael, critique et commentaires

    octobre 10, 2015 à 18:19

  5. Huguette Dérayez

    Des films qui n’existent pas encore mais dont on décrète à l’avance qu’il s’agira d’œuvres magistrales à promouvoir auprès du grand public. Elle est pas belle la vie? http://www.lalibre.be/culture/politique/milquet-presente-une-nouvelle-stategie-pour-promouvoir-le-cinema-belge-francophone-5612934835700fb92f74cb03

    novembre 3, 2015 à 11:59

  6. Huguette Dérayez

    Des films qui n’existent pas encore mais dont on décrète à l’avance qu’il s’agira d’œuvres magistrales à promouvoir auprès du grand public! http://www.lalibre.be/culture/politique/milquet-presente-une-nouvelle-stategie-pour-promouvoir-le-cinema-belge-francophone-5612934835700fb92f74cb03

    novembre 3, 2015 à 12:07

  7. Huguette Dérayez

    Des films qui n’existent pas encore mais dont on décrète à l’avance (surtout pour les réalisateurs ayant leur carte) qu’ils seront « fantastiques » et donc à promouvoir auprès du grand public: http://www.lalibre.be/culture/politique/milquet-presente-une-nouvelle-stategie-pour-promouvoir-le-cinema-belge-francophone-5612934835700fb92f74cb03

    novembre 4, 2015 à 10:10

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