Critique et analyse cinématographique

« La Promesse d’une vie » de Russell Crowe : Maximus en Turquie

Pour sa première réalisation, l’acteur Russell Crowe s’intéresse à un fait marquant de l’histoire de son pays, l’Australie. La Promesse d’une vie (The Water Diviner) prend en effet pour toile de fond la bataille des Dardanelles, qui opposa durant la Première Guerre les soldats australiens – notamment – aux troupes ottomanes, dans la péninsule de Gallipoli.

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Suite au suicide de sa femme, n’ayant pas supporté la disparition de ses trois fils au front, le sourcier Joshua Connor part pour la Turquie afin de retrouver la trace des trois garçons, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Au cours de son voyage, il rencontre notamment la belle Ayshe et son fils Orhan, dans l’hôtel où il séjourne à Constantinople, ainsi que le commandant Hassan, qui va l’aider dans sa quête.

Bien sûr, le film est truffé de bonnes intentions et repose sur l’idée plutôt louable de mettre en lumière un fait de guerre en donnant les points de vue des deux parties. Il parvient à accomplir un certain devoir de mémoire par rapport aux soldats australiens morts au front, tout en montrant aussi la version de l’autre camp, de manière assez respectueuse. Mais s’il évite les pièges sur ce plan, le film tombe à pieds joints dans d’autres. En effet, les bons sentiments qui en débordent, la façon dont tout finit par se résoudre après une bonne poignée de main, et le happy-end béat font basculer La Promesse d’une vie dans la catégorie des films « inspirants » comme les aiment beaucoup les Américains et l’Académie des Oscars, des espèces de « feel-good movies » à versant dramatique et historique, censés apporter une leçon de vie primordiale – comme l’assène d’ailleurs clairement le titre français.

Il est néanmoins toujours intéressant de regarder le premier film d’un acteur en tant que réalisateur, afin de voir à quel point il s’inspire des films sur lesquels il a tourné et des cinéastes qu’il a côtoyé. En cela, La Promesse d’une vie est complètement représentatif de la carrière de Russell Crowe, tant on y retrouve la dimension de récit épique présente dans les films qu’il a faits avec Ridley Scott. La mise en scène classique, les ralentis lors des morceaux de bravoure, les tons ocre et sépia de l’image,… tout semble venir du cinéma monumental de son maître, jusque dans la musique de David Hirschfelder – qui pompe allègrement celle de Hans Zimmer pour Gladiator. Difficile dès lors de trouver une singularité, une personnalité, à cette première œuvre très appliquée et rejouant des passages obligés d’un cinéma hollywoodien figé dans le temps. Il est dommage qu’un film australien, qui aborde une partie de l’histoire nationale, soit à ce point ancré dans une logique de grand spectacle à l’américaine.

Thibaut Grégoire

 

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