Critique et analyse cinématographique

Brussels Film Festival – « Michael Kohlhaas » d’Arnaud des Pallières

Revenu bredouille de Cannes, où il était en compétition en mai dernier, le film d’Arnaud des Pallières repart de Bruxelles avec la plus haute distinction. Comme quoi, tout est une question d’échelle. Ceci dit, on aurait certainement pu trouver bien pire comme grand prix de ce festival dont la compétition était très hétéroclite et donc inégale. Mais placer Michael Kohlhaas au-dessus du Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont reste quand même un choix bien curieux.

michael-kohlhaas

Financé notamment par Arte, le film est une coproduction franco-allemande et a en effet des atours d’euro-pudding, ne serait-ce que par son acteur principal, le charismatique Mads Mikkelsen, qui s’évertue de parler français phonétiquement avec plus ou moins de succès. Malgré cela, il est certainement l’une des plus grosses qualités du film, tant par son jeu hiératique et posé que par son seul visage, pratiquement une œuvre d’art à lui tout seul.

Racontant la quête de justice d’un marchand de chevaux qui lève une armée de rebelles contre une partie de la noblesse, Michael Kohlhaas prend des airs de Robin des bois contemplatif et philosophique, questionnant les notions même de justice, de vengeance et de propriété. Replié dans les bois et les vastes étendues des Cévennes, Kohlhaas et sa troupe reçoivent la visite d’hommes de passage, amis ou ennemis, ce qui donne à l’ensemble l’allure d’un théâtre de caractères dans lequel chaque personnage semble avoir un but dialectique, révélant au fur et à mesure les enjeux philosophiques du récit.

Le film a des défauts, à commencer par ses dialogues légèrement pompeux et une mise en place laborieuse. Mais l’épure de la mise scène, la direction minimaliste mais efficace des comédiens et surtout le travail sur le son – rarement le vent n’aura été aussi bien rendu au cinéma – créant une véritable atmosphère englobante et pesante sur le film et ses personnages, suffisent à faire de Michael Kohlhaas une assez bonne surprise. La dernière séquence, jouant sur la longueur et s’acheminant vers un certain lyrisme, justifie à elle seule la vision du film.

Thibaut Grégoire

 

Le Brussels Film Festival s’est tenu du 19 au 26 juin à Flagey

Plus d’infos sur le site du festival

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