Critique et analyse cinématographique

« The Host » d’Andrew Niccol : SF à hauteur d’âme

Dans un futur aseptisé, de petites entités parasites adéquatement nommées « âmes » ont pris le contrôle de la majorité des corps humains de la planète. Quand Melanie, l’une des quelques résistants à l’envahisseur, se voit elle-même possédée par une de ses âmes vagabondes, elle tente tout pour garder le contrôle de son corps, entamant une lutte psychologique avec son occupant. Lutte qui se transforme petit à petit en dialogue et accouchera finalement d’une collaboration entre les deux esprits cohabitant.

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Ce qui est le plus novateur dans la vision d’anticipation que propose The Host, c’est le fait qu’au bout du compte, l’envahisseur ne soit plus considéré comme un ennemi mais simplement comme une entité dont les plans vont à l’encontre de ceux de l’envahi. Au-delà de cette considération plus philosophique que dramaturgique, la proposition de science-fiction qui est faite ici n’est pas incroyablement originale, tant sur le plan scénaristique qu’esthétique. Ce qui, par contre, est vraiment intéressant dans le film, c’est la partie romance et la radioscopie des désirs contradictoires qui peuvent animer une adolescente.

Le livre duquel le film est adapté ayant été écrit par Stephenie Meyer, il n’est pas surprenant d’y retrouver un triangle amoureux. Mais celui qui parcourt The Host est à la fois plus singulier et plus théorique que celui de Twilight. Ici, la jeune fille aime effectivement deux garçons à la fois, mais chacune de ses personnalités aime un garçon différent. Ce qui fait qu’en définitive, il s’agit d’un quatuor, voire de deux couples distincts, forcés de cohabiter physiquement. Cette astuce permet d’un côté de pimenter une configuration classique, et de l’autre d’autoriser les deux histoires d’amour à trouver leur aboutissement sans qu’il y ait conflit dans l’esprit pudibond qui sous-tend tout l’imaginaire de l’auteur.

Assez dépouillé dans sa narration, le film – par ailleurs élégamment réalisé – laisse s’épanouir ses romances et sa descriptions des sentiments, jusqu’à un final tout sauf spectaculaire. En se cantonnant à des relations interpersonnelles, The Host fait en fin de compte une proposition assez inédite de science-fiction intimiste, qu’un épilogue plus convenu tendant à universaliser le propos n’arrivera pas à gâcher.

Thibaut Grégoire

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