Critique et analyse cinématographique

« Elle s’en va » d’Emmanuelle Bercot : Partir un jour…

Réalisatrice de quelques films oubliables et coscénariste de Polisse – duquel elle garde ici le mélange fiction/documentaire – Emmanuelle Bercot voulait à tout prix diriger Catherine Deneuve et lui a donc concocté un rôle sur mesure, dans un film où elle est constamment mise en avant, puisqu’elle ne se confronte pratiquement qu’à des acteurs novices ou non-professionnels.

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Il y a certains films dont on peut, dès les dix premières minutes, évaluer l’absence d’inspiration par l’accumulation de clichés qu’ils déroulent. Après un plan de générique estampillé « cinéma d’ auteur » – Catherine Deneuve filmée de dos en gros plan, et son nom en gras envahissant l’écran -, un plantage de décor de type « pittoresque » à base de ruelles de provinces et de devantures de magasins d’antan, et une scène de dispute essentiellement dialoguée dans laquelle Deneuve donne la réplique à sa vieille maman incarnée par la boulevardière Claude Gensac, la voici quittant sa vie médiocre au volant de sa voiture et sur les paroles particulièrement parlantes d’une chanson anglophone : « I dont know where I’m going… ».

Suite à cette entrée en matière sur pilotage automatique, la valeureuse actrice est envoyée – comme en safari – dans la France profonde, à la rencontre des « vrais gens », dont les apparitions successives sont traitées avec la subtilité et l’humanité d’un défilé de bêtes de foire. Certains spectateurs émus vous parleront de cette séquence dans laquelle un vieux paysan essaye tant bien que mal de rouler une cigarette pour la Grande Catherine – qui n’est probablement pour lui qu’une simple bonne femme de passage – et s’empresseront d’en faire illico une scène d’anthologie, alors qu’elle n’est qu’atrocement anecdotique.

Après l’épisode de la fugue et celui de la déambulation folklorique – puisqu’il s’agit effectivement d’un film à épisodes – suivront ceux du road-movie avec le petit fils, et de la réunion familiale. Quand il n’y a pas d’idée derrière un film, il semblerait que le plus pratique soit d’en accumuler plusieurs sans intérêt. On ne sait finalement ce qui nuit le plus à Elle s’en va, son absence de direction ou son tourisme régional faisandé.

Thibaut Grégoire

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