Critique et analyse cinématographique

« Wu Xia » de Peter Chan

Avec son titre faisant directement référence au « wu xia pian », film de sabre chinois, le dernier film de Peter Ho-Sun Chan (Les seigneurs de la guerre) s’annonçait comme un hommage ultime à ce genre jadis exploré par Ang Lee, Zhang Yimou ou encore Wong Kar Wai. Si le film se révèle être virevoltant et flamboyant comme prévu, il n’est finalement pas un film de sabre dans le sens le plus strict du terme.

Le point de départ est des plus alléchants. Liu Jin-xi, fabricant de papier sans histoire, vit avec sa femme et ses deux enfants dans un petit village au milieu de nulle part. Quand deux bandits font irruption dans le village, Liu se voit devenir héros malgré lui en neutralisant, apparemment par hasard, les deux malfrats. Mais le détective Xu Bai-jiu, dépêché sur les lieux pour tirer l’affaire au clair, ne croît pas à cette version, pourtant officielle. Pour lui, Liu est un maître en arts-martiaux qui cache un passé trouble.

Si dans un film d’arts martiaux classique, une telle idée de départ servirait de prétexte à un enchaînement de scènes d’actions superbement chorégraphiées, elle est ici longuement murie et développée à travers un scénario et une mise en scène qui fait la part belle aux digressions les plus folles. Les réflexions, souvenirs et déductions du détective Xu permettent en effet à Peter Chan de livrer un feu d’artifice visuel et narratif des plus impressionnants. Les flashbacks, ralentis et séquences dessinées s’enchaînent avec bonheur dans la première partie du film, retardant l’arrivée très attendue des scènes de combat proprement dites. Et quand ces scènes arrivent, elles ne déçoivent évidemment pas.

Si Wu Xia est de ces films sur lesquels il n’est pas nécessaire de réfléchir des heures durant, il s’impose malgré tout comme un film d’action de haute volée, un pur divertissement au sens le plus noble du terme, qui engage le spectateur lambda, peut être déçu des blockbusters proposés par Hollywood, à ce tourner vers cet autre type de cinéma d’action, dont on a parfois tendance à oublier l’existence.

Thibaut Grégoire

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