Critique et analyse cinématographique

« The Future » de Miranda July

Voilà ce à quoi ressemble un film « Arty », selon l’idée que s’en font les américains ! Miranda July, artiste contemporaine en est à son deuxième long-métrage, après Me and You and Everyone We Know, Caméra d’or à Cannes en 2005. Il est d’ailleurs intéressant de comparer l’évolution de July avec celle d’un autre artiste passé au cinéma, et récompensé du même prix pour son premier long, à savoir Steve McQueen. Ayant impressionné l’un et l’autre (peut-être pas la même frange de la critique, ni du public), les voici devant la fatidique épreuve du second film, cruelle s’il en est. Là où McQueen s’en sort avec les honneurs et se voit même adoubé grand cinéaste, pour un film pourtant douteux (Shame), Miranda July voit sa gloire passée lui filer sous le nez, avec cette caricature de film « art et essai », qui tient plus du gadget que d’une véritable œuvre cinématographique.

On ne voit pas trop où July veut en venir avec cet histoire d’adultère transformée en conte métaphysique, dans lequel le temps se suspend, les chats parlent et les personnes s’ennuient. Si la première partie trouve des influences à la fois dans la Nouvelle Vague, en n’en conservant que le paraître, et la comédie « Sundance » balisée, la deuxième se perd dans des conjectures pseudo-philosophiques et incompréhensibles. Au milieu de ce salmigondis indigeste, l’auteur-actrice se permet également quelques digressions de l’ordre de la « performance », destinées certainement à pimenter l’univers visuel de ce film qui n’en n’a par ailleurs aucun, et achève ainsi de rendre cette œuvre égocentrique profondément antipathique. Elle reste cependant un exemple flagrant de l’idée que se fait le cinéma indépendant américain de ce qu’est un film d’auteur « à l’européenne ».

Thibaut Grégoire

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